Ils sont grands, ils sont trois et ils viennent du coté blond du pays. Ils rigolent fort et indécemment, leurs dos se cambrant dans des pulls multicolores, leurs cous secoués dans plusieurs tours d’écharpe. Le plus blond et bourré des trois s’aventure un peu plus bas, juste derrière les premiers arbustes, juste en face de ma soif. Il a du mal à défaire sa ceinture, tant que j’accompagne ses gestes jusqu’à ce qu’il me livre son gouvernail. Il rie à chaque descente humide que je lui offre, il contracte son ventre et finalement il chancèle. Lesté d’alcool, il ne monte pas les ciels, il est bloqué dans la farce. Juste quelques pas lourds et puis il tombe raide et déboutonné aux pieds de ses potes, toujours plus marrés et bruyants. Je l’ai revu à la télé, il présentait avec son groupe un album dédicacé à sa fille.
Monday 21 September 2009
Il gruppo rock
Ils sont grands, ils sont trois et ils viennent du coté blond du pays. Ils rigolent fort et indécemment, leurs dos se cambrant dans des pulls multicolores, leurs cous secoués dans plusieurs tours d’écharpe. Le plus blond et bourré des trois s’aventure un peu plus bas, juste derrière les premiers arbustes, juste en face de ma soif. Il a du mal à défaire sa ceinture, tant que j’accompagne ses gestes jusqu’à ce qu’il me livre son gouvernail. Il rie à chaque descente humide que je lui offre, il contracte son ventre et finalement il chancèle. Lesté d’alcool, il ne monte pas les ciels, il est bloqué dans la farce. Juste quelques pas lourds et puis il tombe raide et déboutonné aux pieds de ses potes, toujours plus marrés et bruyants. Je l’ai revu à la télé, il présentait avec son groupe un album dédicacé à sa fille.
Tuesday 1 September 2009
L'attore
Saturday 15 August 2009
Il militare
T’es ici depuis combien? Où est-ce que tu travailles? Qu’est-ce que tu fais ? Je réponds, je réponds, je réponds. Bienvenu à l'intermonde. Networking on t’a dit, et alors allons-y aux fêtes, putain de fêtes. La déco est sans faute, la musique elle est là et la vodka aussi et les gens aussi, cherchez l’erreur. L’erreur c’est nous tous car nous sommes tous une vitrine, c’est la règle du jeu. Demande-le moi et je te cracherai mon cévé, toi tu le mesure, et tu collectionnes l’ersatz de la personne, mais moi ma blondasse de ton plan carrière je m’en fous, moi les blondasses sur Barbour je t’apprends les vraies pâtes moi je les fuis. Je me tape un bol de faux bolo là sur place si j’y gagne ton mépris. Mais je finis par sourire, échanger les numéros, networking on t’a dit, je dis au revoir, et mes pensées humides connaissent la destination. Là je crache l’animal, je suis la vitrine à mon corps, mon ersatz humiliant, mais putain c’est la règle du jeu et ça me convient très bien. Le gars arrive toute de suite, il me mesure, je le mesure, il est sportif et bien taillé. Ch’suis pas expert, il dit, on m’y a envoyé car c’est le dernier jour en caserne. Les militaires sont toujours experts. Comment tu t’appelles ? Où est-ce que tu travailles ? Qu’est-ce que tu fais ? Je mens, je mens, je mens. Bienvenu au parc.
Friday 14 August 2009
Il muratore
2004, de combien de repas combien de vols combien de rencontres est-ce que je peux me souvenir ? Je peux me souvenir d’une descente par le chemin de gauche, vivier moins touffu, que l’on explore en chasse exhaustive. Là où le tournant résout la pente et la revue des troupes commence, la main d’œuvre exubérante s’offre contre les arbres tandis que les zélés s’étalent contre le mur. Lui c’est le premier au mur et il me balance un sourire malin, ça pourrait être railleur, pendant que je le focalise. Baskets, bas du jogging en acrylique, les bandes sur les côtés, t-shirt blanche, barbe qui pousse depuis trois jours. Il sourit malin. Encore maintenant mes pantalons s’épanouissent au souvenir de sa virilité à fresque. Sur le moment je crains qu’il me refuse, ou qu’il cherche la soumission sans compromis, comme ces salauds de polonais qui te baisent dans la bouche car ce sont des mecs et les mecs eux ils sifflent aux nénés depuis l’échafaudage, ils vont pas au parc la nuit, dobre poute oubre la bouche, crève par ton échafaudage salaud. Lui au contraire il ouvre ses lèvres tendres et nous nous léchons le sourire. Il ouvre le zip sur son corps sec et le poil impeccable. J’aurais voulu lui demander tu es italien tu es français tu es maçon tu es marin qui es tu. Mais je suis juste parti avec son sourire sur moi.
Thursday 13 August 2009
Il cameriere
Senza ulteriori perversioni, il cameriere è genuinamente maiale, maiale prima ancora che cameriere che maschio che uomo. Appassionatamente maiale, riproduce un sonoro da applausi, gemito modulato fino al mio scroto e risucchio ventoso al ritorno sul glande. Smisuratamente maiale, smisuratamente dotato.
Lo incrocerò di nuovo una decina di volte nel parco senza sollecitarlo, l’eccesso ha il buon sapore dell’unica volta.
Peut-être il m’avait dit qu’il était serveur, ou peut-être c’étais moi qui l’avais aperçu quitter un resto du centre avec un tablier, je me rappelle pas. Au dessous de son tablier, ça je me rappelle bien. Je longeais la haie dans une rue qui mène au parc bordée de voitures en stationnement, ce qui annonce bonne chasse et augmente ma salivation. Moi bien prêt pour jouer avec la salive. Lui grand, les yeux bleus, le visage sale, il me mate par-dessous sa casquette assis à la place du conducteur. Main qui baisse la fenêtre, main qui secoue une érection énorme jusqu’au volant. Ceci n’est qu’un film de cul, ceci n’est qu’un film de cul. On prend une autre rue, il se jette sur mes pantalons avec un excès d’ardeur et dévotion, moi vigilant les gens qui passent et au même temps impatient de contenir cet anormal tubulaire en chair.
Sans autres perversions, le serveur est naturellement cochon, cochon avant que serveur avant que mec avant qu’homme. Passionnément cochon, il reproduit une bande son à déchirer, du gémissement modulé jusqu’à mon scrotum et de l’appel d’air en revenant sur mon nœud. Démesurément cochon, démesurément monté.
Sunday 9 August 2009
La larva
La seconda volta
La deuxième fois, la deuxième fois je m’en souviens pas. Ca n’doit pas avoir été très différente de la troisième, la quatrième, la cinquième, la dixième, ajoute un zéro, multiplie par deux, ajoute de nouveau. Les premiers trois mois j’ai gouté à cinquante mecs. Vingt-six ans de soif dans ma bouche. Absorber l’homme, pas de temps pour le cinéma, le rideau de scène, la poésie des danses et des toasts, je veux le corps et je le veux tout de suite. Je marche tout droit sous mon capuchon, seule pensée, j’ai besoin d’une bitte, j’ai besoin de donner ma bitte. Parfois la mer est un grand passage milliers de navires milliers de cargaisons milliers de drapeaux, parfois la mer n’est que de l’attente fumante, les putes magrébins sur le banc, les rossignols bruyants au dessus de ma tête. Hé-hé, chant nocturne sans romance, la nature et son appel aveugle. S’il y a un rossignol à scander le pas, Sexpat est derrière un arbuste sa queue dans la main.
Friday 7 August 2009
La prima volta
La première fois ça a été en 2003, c’était la canicule. Avec un arabe, le premier au hasard. J’avais passé la soirée avec Jérôme à la Next, nous arrivés supertard comme d’hab, chargés d’alcool sourires et le monde dans nos jambes. Jérôme lui il arpente, avec succès j’imagine, il ne passe jamais inaperçu lui, moi qu’est-ce que je fais, je danse. Mais pas comme les milles autres fois, ce soir électrique, mon corps presse, ça va arriver que ça doit arriver, moi je danse mais le mouvement est diffus, c’est quoi cette inquiétude, les dimensions glissent, mouvement de la terre, les plaques ne peuvent que provoquer le séisme. Imperceptible le mouvement d’un jour qui s’accumule à l’imperceptible mouvement du jour avant, vingt-six ans accumulés jour après jours, le réservoir démesuré des jours qui font pression. Ce blond-là, putain ça c’est un blond, la poitrine lui tire les boutons de la chemise, mais qu’est-ce qu’il est venu foutre ici avec une chemise, il danse toujours moins avec sa copine et toujours plus au bout de mon odorat. La première faille. Inexorable, je le sens comme on peut pressentir le présent à un photogramme près. Mon cou accueillit sa main, sa langue blonde est sur ma langue brune, mes doigts sur ses tétons, ses doigts sur les miens. Des interrupteurs, l’érection est déclenchée, mon corps presse. Sliding walls, glisse le blond, Jérôme n’était pas là et maintenant il est là une bière à la main, la dernière. On s’appelle, ok on s’appelle, rentre bien, mais les plaques ne rentrent pas non elles se fracassent. Moi j’ai la trique qui me possède et un pair de jambes qui s’en vont au parc. Ca marche comment ici, regarde-moi putain tu vois pas que je suis perdu, je suis le courant, pas de marche arrière ici, même si tu cherche autre chose et moi je brise le code du silence, toi un tuyau tu peux bien me le balancer. C’est un endroit de drague monsieur, vous voyez pas ? Non que je vois plus rien, je suis déjà plus loin et je m’enfonce, le premier venu, l’arabe. Pas beau, du tout, un essai micro au lieu d’une chanson. Merde, je l’aurais toujours stocké dans un recoin de mon cerveau sa gueule de tapir, son odeur de tabac et après-rasage. La plaque s’est brisée.